Investisseurs en actions, fermez les yeux ! Les produits structurés jouent la défensive [FR]

Source: https://citywire.co.uk/funds-insider | David Stevenson | Date: 4 Novembre 2021

Si vous êtes un investisseur en actions avide de plus-values, mieux vaut ne pas poursuivre la lecture du présent article. Ces dernières semaines, je n’ai eu de cesse de me répéter, avertissant à qui voulait bien m’entendre que de nouvelles turbulences étaient attendues sur le marché. Loin de moi l’idée de revoir mes positions, sauf que cette semaine, j’aimerais m’intéresser de plus près à une forme d’investissement défensif relativement discrète : les produits structurés. Ils pourraient s’avérer bien utiles si le marché subit prochainement les turbulences que j’ai annoncées.

J’ai déjà vanté les nombreuses vertus des produits structurés auparavant dans cette rubrique. Pour mémoire, j’investis dans les produits structurés mais je ne suis pas non plus totalement désintéressé puisque j’écris quelques articles pour leur association professionnelle et que j’ai participé à des événements (et rédigé des articles) pour Tempo, l’un des acteurs de ce secteur.

Les détracteurs des produits structurés aiment appuyer sur trois maux. Le premier est qu’ils sont compliqués, ce qui, je l’admets, n’est pas totalement faux. Ils sont certainement plus complexes qu’un fonds de rendement classique d’actions britanniques. Mais la principale caractéristique à comprendre à propos des produits

structurés est qu’ils reposent sur des obligations émises par des banques d’investissement dans le cadre de contrats juridiquement contraignants qui définissent leurs risques et leurs rendements potentiels.

Il faut savoir que la plupart des produits structurés au Royaume-Uni sont vendus par l’intermédiaire de conseillers financiers indépendants (IFA), qui sont nombreux à les utiliser et qui devraient être en mesure de vous distiller des conseils d’expert et de démêler toute complexité pour vous.

La deuxième grande critique est que les produits structurés privent les investisseurs des dividendes, car ceux-ci sont généralement liés au rendement des indices. Si ce n’est pas faux, force est de comprendre que les produits structurés n’entraînent pas automatiquement la distribution de dividendes. En lieu et place, ils prennent les dividendes et les utilisent dans l’économie pour l’agencement des caractéristiques du produit.

Prenons l’exemple suivant : le FTSE 100 se situe pratiquement au même niveau aujourd’hui que le 30 décembre 1999, en termes de rendement des cours. Si l’on inclut les dividendes, le rendement total passe à environ 115 % sur la même période, ce qui semble plus intéressant, mais en termes annualisés, cela représente un rendement d’à peine 3,65 % par an. Toutefois, de nombreux produits structurés, sinon la plupart, ont assuré des rendements de l’ordre de 6 à 8 % par an sur la même période.

Sur ce point, les données de StructuredProductReview montrent que sur 10 ans, entre janvier 2010 et décembre 2019, le rendement moyen de tous les produits d’investissement structurés arrivant à échéance s’est élevé à 7,84 %.

Enfin, la dernière critique à l’encontre des produits structurés prétendant qu’ils présentent un risque de contrepartie, est, selon moi, en train de devenir un atout. Comme indiqué précédemment, ces produits reposent sur des obligations émises par de grandes banques d’investissement. Cela induit un risque de contrepartie, qui a été et pourrait bien être un risque très réel (d’autres instruments ont également des risques de contrepartie, mais je vais ignorer ce point pour le moment). En effet, les produits structurés offrent une prime pour prendre le risque que les grandes banques d’investissement comme HSBC, Goldman Sachs, Morgan Stanley et SocGen ne déposent le bilan.

Cependant, je dirais que le pan du système financier mondial qui semble immensément plus sûr après la crise financière est celui des grandes banques mondiales d’importance systémique. Si je devais prendre des risques pour augmenter mes chances de générer des rendements positifs dans un environnement potentiellement peu rémunérateur, je considérerais le risque de solvabilité des grandes banques comme un risque à prendre. Au risque de ne pas faire l’unanimité, je pense que l’attrait des rendements garantis par contrat par une grande banque est intéressant pour certains types d’investisseurs – Tempo appelle cela « l’alpha par contrat ».

A qui conviennent-ils?

Ces trois points mis à part, je ne tiens pas trop à creuser dans le débat animé autour des produits structurés. Je préfère mettre en exergue les produits actuellement disponibles sur le marché, si vous décidez qu’ils méritent votre attention.

Mais avant de nous plonger dans ces détails, analysons ensemble le profil d’investisseur susceptible de s’intéresser aux produits structurés ? Comme je l’ai dit au début, si vous êtes un investisseur en actions avide de plus-values boursières, et je ne vous en tiendrai pas rigueur, gardez vos titres Scottish Mortgage (SMT). Les produits structurés peuvent toutefois faire sens pour de nombreux investisseurs, et certainement aux profils défensifs qui souhaitent augmenter la probabilité d’obtenir des rendements boursiers (supérieurs à ceux des obligations) sans supporter trop de risques. Notamment, les produits structurés peuvent être particulièrement utiles si vous pensez que les marchés pourraient osciller à l’intérieur d’une fourchette au cours des prochaines années après avoir récemment flirté avec les sommets.

Avant d’investir, je pense que vous devrez probablement prendre quelques décisions clés. La première est de savoir si vous souhaitez que vos rendements ne dépendent que d’un seul indice (généralement le FTSE 100) ou de plusieurs. J’ai une nette préférence pour un indice unique, principalement pour éviter la complexité, mais d’autres soutiendront que vous pouvez obtenir un meilleur rendement si vous optez pour plusieurs indices.

Quels sont les produits disponibles?

La première décision consiste à déterminer le type de produit à acquérir. La plupart des produits structurés sont appelés « kick out plans » (certains utilisent le terme « autocall » pour ce type de produit). De prime abord, ils peuvent paraître compliqués mais, en réalité, ils fonctionnent essentiellement comme suit :

Vous investissez votre argent maintenant, et si l’indice se situe à un niveau identique ou supérieur dans un an, le produit est remboursé automatiquement ou arrive à maturité. Vous obtenez un coupon ou un paiement, généralement de l’ordre de 5 à 10 %, et vous récupérez votre investissement initial.

Si l’indice a chuté, vous conservez votre investissement et attendez que l’indice atteigne ou dépasse à nouveau son niveau initial. Si c’est le cas, vous bénéficiez du coupon pour deux ans. En d’autres termes, les coupons s’accumulent, comme une boule de neige, pour chaque année du plan, sans devoir générer un rendement positif en hausse chaque année. Ce processus se poursuit jusqu’à l’échéance, qui est généralement de cinq à dix ans.

L’indice sous-jacent est fréquemment le FTSE 100 – mais peut également en être une version dérivée .

Il existe également des produits de rendement qui tiennent leurs promesses : ils versent un rendement annuel tant que l’indice est supérieur à un niveau déterminé à chaque date de paiement.

Les produits autocalls et de rendement comportent également ce que l’on appelle des seuils à échéance, liés au niveau de l’indice (par exemple le FTSE 100) à la date d’échéance. Si l’indice dépasse son seuil au terme de sa durée maximale (cinq à dix ans), vous récupérez votre investissement initial. Sinon, votre capital est en danger. Plus le seuil est bas, plus le produit est intéressant, selon moi. D’ailleurs, j’ai une préférence pour les seuils qui se situent entre 60 et 65 %. En d’autres termes, le FTSE 100 devrait s’effondrer et passer d’environ 7 200 aujourd’hui à moins de 4 700 pour que votre capital soit menacé.

Défensif ou non?

La dernière décision clé est de savoir si vous voulez un produit défensif ou un produit dont l’indice boursier doit être supérieur ou égal à son niveau d’origine, voire, dans certains cas, uniquement supérieur.

Certains émetteurs, comme Tempo, sont de grands adeptes des produits défensifs qui génèrent des rendements positifs même si le marché boursier recule. D’autres, comme Ian Lowes, conseiller financier indépendant spécialisé dans les produits structurés, qui dirige StructuredProductReview (et propose ses propres produits), pensent que les produits « at-the-money » sont plus efficaces, l’indice sous-jacent devant retrouver ou dépasser son niveau d’origine pour donner lieu à un remboursement.

Lowes affirme que les produits défensifs offrent « des rendements potentiels plus faibles et… ne permettent pas vraiment d’en avoir pour son argent. » Comme de nombreux produits structurés ont une durée de vie de dix ans, il estime qu’il y a « plus d’occasions d’arriver à maturité, avec un gain plus élevé. »

Ce débat porte en fait sur le choix de privilégier une durée maximale de cinq ou dix ans. Tempo et Lowes s’accordent à dire que plus la durée du produit est longue – disons huit à dix ans – plus il y a de chances qu’il arrive à échéance avec un paiement décent et moins vous risquez de perdre du capital. Je partage cet avis. Cela dit, certains émetteurs établis dans ce domaine, tels que Walker Crips et Meteor, estiment que l’histoire a démontré qu’une durée de cinq ans est suffisante dans la plupart des cas.

Un aperçu des rendements

Une fois ces questions résolues, après avoir parlé à un conseiller financier indépendant, il ne vous reste plus qu’à regarder ce que vous offre le marché ? En ce qui concerne les produits à maturation, M. Lowes a analysé les données relatives aux produits de ses clients actuellement en cours de remboursement au troisième trimestre de cette année.
Selon Lowes, il s’agit principalement d’autocalls (kick-out plans) datant de deux à quatre ans

avec des rendements variant de 14 % à 30 %, la plupart des rendements se situant dans la fourchette de 20 à 30 %. Dans presque tous les cas, l’indice de référence, le FTSE 100, est en revanche en baisse de quelques pour cent.

Si l’on examine les instruments actuellement commercialisés, on constate que 38 produits autocalls à indice unique sont disponibles. Si l’on se concentre d’abord sur leurs seuils à échéance, trois seulement ont des niveaux fixés à l’extrémité supérieure (c’est-à-dire la plus mauvaise) de ce qui est disponible, à savoir 70 % ; 25, soit la majorité, sont fixés à 65 % ; et six sont fixés à l’extrémité inférieure (c’est-à-dire la meilleure), à 60 %.

Le rendement potentiel moyen de l’autocall est de 5,77 %. Lowes par exemple dispose d’un produit avec Mariana appelé le Plan 10:10. Le seuil à échéance se situe à 70 %. Le versement de l’option défensive (Option 1) est un coupon de 7 % dont l’échéance est déclenchée le jour du
deuxième anniversaire si l’indice est supérieur à 102,5 % de son niveau de départ, 100 % au troisième anniversaire, 97,5 % au quatrième et ainsi de suite : le seuil de déclenchement de l’échéance du remboursement automatique diminue de 2,5 % chaque année, jusqu’à 82,5 % au dixième anniversaire.

Walker Crips est un acteur bien établi dans ce domaine et dispose d’un autocall par étapes au Royaume-Uni (HS217). Il présente un seuil à échéance fixé à 60 %, et un coupon de 5,25 % avec un premier remboursement la deuxième année (si le FTSE 100 est supérieur ou égal à son niveau initial). La contrepartie est HSBC, et la durée est de cinq ans.

Le Long Kick-Out Plan Option 2 (‘LKO2’) de Tempo a également un seuil à échéance de 60 %, avec un coupon plus élevé de 8,35 % et le remboursement à la troisième année. L’indice peut baisser de 2,5 % par an, passant de 100 % à la troisième année à 82,5 % à la dixième année. Il s’agit d’un produit ayant la SocGen comme contrepartie, bien qu’il faille noter que l’indice en l’occurrence est une version à pondération égale au FTSE 100.

Revenu

En termes de revenus, il n’existe que sept produits à indice unique sur le marché. Meteor a un produit appelé Plan de revenu conditionnel trimestriel novembre 2021, avec un seuil à échéance 65 %. Vous bénéficiez d’un revenu de 6 % par an tant que l’indice est égal ou supérieur à 85 % du niveau de départ.

En prenant du recul par rapport aux détails, je pense qu’un point central émerge. Nombre de ces produits offriront des gains positifs même si les marchés boursiers mondiaux évoluent latéralement au cours des prochaines années, voire baissent sensiblement.

En fait, certains de ces produits généreront 6-8 % par an (ou plus) même dans l’éventualité où les marchés chuteraient de 10 % au cours des cinq prochaines années. Dans un nouveau monde possible où les marchés d’actions ne poussent pas toujours vers des valorisations toujours plus élevées et où les obligations représentent une valeur très faible dans l’ensemble, les produits structurés pourraient représenter un vecteur utile de diversification. En supposant que c’est le cas, vous pensez bien que le risque de contrepartie des banques d’investissement est très faible !

Les opinions exprimées par Citywire ou son personnel ne constituent pas une recommandation personnelle d’acheter, de vendre ou de souscrire à un investissement particulier et ne doivent pas être prises en compte pour prendre (ou s’abstenir de prendre) une décision d’investissement. En particulier, les informations et les opinions fournies par Citywire ne tiennent pas compte de votre situation personnelle, de vos objectifs et de votre attitude face au risque.

Note de BELSIPA:
A cause du moratoire belge du 2012 il y a des limitations en ce qui concerne la disponibilité des produits structurés aux clients des détails en Belgique.